Souvent confondu avec les autres rascasses, le chapon (Scorpaena scrofa) aussi appelé grande rascasse rouge, est une espèce du bassin méditerranéen bien connue par les plongeurs. Son nom donné par les anciens romains lui vient de ses épines venimeuses semblables à des piqûres de scorpion.
- Une rascasse massive : caractérisé par son corps trapu et sa tête massive, le chapon est la plus grosse rascasse du bassin méditerranéen avec une longueur maximale de 50 cm et pouvant peser jusqu’à 3 kilos.
- Attention venimeuse : le chapon possède des rayons épineux durs constitués de glandes à venin présentes sur l’ensemble de es nageoires. Il n’utilise néanmoins ces épines uniquement pour sa défense. Le principe actif de son venin, très douloureux, peut heureusement être neutralisé par une source de chaleur d’au moins 50°C car celui-ci est thermolabile chez les rascasses.
- Camouflé parmi les rochers : sa couleur rouge marbrée lui confère un camouflage idéal au sein des fonds rocheux couverts d’algues et des zones de coralligène. Le chapon peut aussi être retrouvé sur fonds sableux ou sablo-vaseux, il reste ainsi la plupart de son temps immobile et dresse ses épines en cas de danger potentiel. Les juvéniles mesurant moins de 25 cm se trouvent fréquemment dans les herbiers.
- Chasseur nocturne à l’affût : immobile, le chapon attend de nuit ou au crépuscule la venue d’organismes benthiques tel que des crustacés ou petits poissons et mollusques. Une fois ces derniers assez proches, sa bouche protractile aspire ses proies.
- Une vie solitaire : le chapon vit en solitaire une grande partie de son existence. Les juvéniles se développent en eaux peu profondes, pour ensuite mener une vie sédentaire et territoriale plus en profondeur.
- Une rascasse en lambeaux : au-dessus de ses yeux, sous sa mâchoire inférieure et sur ses narines se trouvent des lambeaux cutanés de couleur variant du rouge, orange, rose au jaune, participant à son mimétisme. Une tache noire caractéristique est également visible au milieu de la nageoire dorsale.
- Une ponte vulnérable : le chapon est une espèce gonochorique (sexes séparés), qui se reproduit de nuit entre la fin du printemps et l’été afin de protéger au maximum sa ponte des prédateurs. Ses œufs sont alors pélagiques, rassemblés au sein d’un mucus, et les larves se développent en pleine eau. Les mâles atteignent leur maturité sexuelle plus rapidement que les femelles.
- Une meilleure longévité pour les femelles : les femelles, de taille plus importante que les mâles, ont également une durée de vie plus longue (jusqu’à 25 ans, contre 12 ans pour les mâles).
- Diversité du genre : la grande rascasse rouge appartient au genre Scopaena qui comprend plus de 60 espèces décrites jusqu’à aujourd’hui, dont 6 en Méditerranée.
- Une espèce en voie de raréfaction : le chapon est une espèce vulnérable face à la chasse sous-marine dans le bassin méditerranéen, où sa pêche est peu restrictive. Néanmoins elle est inscrite sur la liste rouge mondiale ainsi qu’européenne de l’IUCN sous « préoccupation mineure ». Une étude menée en 2015 indique un diminution en masse et en longueur corporelle de l’espèce sur ces 50 dernières années.
Où le rencontrer ? Le chapon est présent en Méditerranée, notamment en France, et en Atlantique sur les côtes espagnoles, aux Canaries, au Cap vert et aux Açores entre 20 et 200 mètres de profondeur. Peu farouche, l’espèce se laisse facilement approcher par les plongeurs.
Lisa Ferré