Ils sont environ 70, répartis sur les bâtiments de la Marine nationale, à être titulaires de la certification qui leur permet d’intervenir en mer à partir d’un hélicoptère. Des conditions très particulières qui supposent un apprentissage ciblé, entre hélitreuillage, plongée et secours aux victimes.
« Les plongeurs d’hélicoptère, explique le maître principal Mathieu, formateur sur la BAN de Hyères, sont recrutés au sein des techniciens aéronautiques. Il s’agit donc d’une certification qui vient compléter un autre métier. » Comme tous, ils suivent bien sûr le cours Plongeur de bord, mais doivent ensuite le compléter par des formations très spécifiques. Ils effectuent ainsi deux stages au CESSAN (Centre d’entraînement à la survie et au sauvetage de l’Aéronautique navale), sur la BAN Lanvéoc-Poulmic. Le premier leur permet d’apprendre à évacuer d’un hélicoptère, grâce à la maquette immergée en bassin où l’on recrée les conditions d’un crash en mer. Le second, toujours au CESSAN, les place cette fois en position de sauveteurs, aptes à intervenir pour secourir des équipiers accidentés.
Des épreuves où le mental est primordial
Si la durée des stages est relativement courte, elle suppose une préparation mentale minutieuse, en amont des exercices. Il leur faut répéter inlassablement les gestes qu’ils devront accomplir en aveugle, pour se rapprocher au plus près de la réalité, en simulant par exemple un crash de nuit par mer démontée. Sans céder à la panique, en se remémorant la configuration de la cabine, la place de chaque instrument, il faut être capable de se guider vers l’extérieur sans repère visuel, au toucher. Il leur faut aussi apprendre à porter à leur tour assistance à un équipage accidenté. Autant d’exercices qui, même en bassin, supposent de conserver un sang-froid total.
Ils doivent aussi, lors d’une semaine supplémentaire de formation à Saint-Mandrier, apprendre à utiliser l’ARPH (appareil respiratoire pour plongeur d’hélicoptère) composé de 3 petites bouteilles de 1,5 litres chacune, positionnées sur le ventre, en fibre de carbone pour minimiser leur poids. Sur le plan d’eau de l’École, ils s’entraînent à évoluer à l’intérieur d’une épave, dans des conditions difficiles comme par exemple avec un masque occulté, pour se préparer au mieux à la réalité de leurs futures interventions. Ils doivent également suivre une formation de secouristes et effectuent un stage chez les marins pompiers de Marseille. Des modules qui ne se font pas toujours dans le même ordre et prennent, selon les circonstances, 1 à 2 ans.
Hélitreuillages et interventions en mer
Ils effectuent ensuite une vingtaine d’interventions d’entraînement, sur des simulations de naufrages, apprennent à intervenir sur des bateaux en détresse et doivent alors imaginer les meilleurs scenarii d’intervention. Car, même si à bord de l’hélicoptère un chef de bord chapeautera ensuite chaque mission, ils seront bien tout seul en bas pour prendre les bonnes décisions, en prenant en compte, très rapidement, tous les éléments. « Cette distanciation de l’attention, cette capacité à appréhender tout son environnement en même temps, et la capacité d’anticipation pour prendre les bonnes décisions dans l’urgence sont des qualités indispensables pour devenir plongeur d’hélicoptère », insiste l’instructeur.
La plupart, au terme de leur formation, sont embarqués et s’entraînent régulièrement pour conserver intacts leurs réflexes et leurs connaissances. Mais leur rôle à bord consiste aussi à participer à la maintenance des hélicoptères. Ils doivent donc, avant d’entamer leur formation, avoir un bagage professionnel. « Et compte tenu de la responsabilité et de la nécessité d’être capable de prendre seul des décisions qui peuvent avoir de graves conséquences, on ne forme pas de toutes jeunes recrues. Il faut donc qu’ils aient acquis une certaine maturité », explique le maître principal Mathieu. Chaque année, seuls quelques nouveaux plongeurs d’hélicoptère, en général deux sur la façade méditerranéenne et deux pour la façade atlantique, sont formés.
« D’ici 15 jours, j’aurai ma certification opérationnelle et j’embarquerai à bord du Charles de Gaulle en fin d’année. Pour moi, c’est l’aboutissement de plus de deux années de formation, la période Covid ayant un peu ralenti le processus puisque j’ai lancé ma demande en 2020. J’ai démarré par le cours Plongeur de bord et le premier stage au CESSAN la première année, enchaîné en 2021 avec le semaine ARPH et le CESSAN 2, puis commencé la formation spécifique aux vols et aux interventions de secours. C’est sans doute cette partie-là qui est la plus compliquée, dans la mesure où elle suppose d’apprendre à réagir très vite face des situations que l’on ne peut pas forcément prévoir et qui sont uniques. C’est aussi une période où il faut être capable d’un gros investissement personnel, en terme de temps et de concentration, car on multiplie les vols, de jour comme de nuit, avant de devenir pleinement opérationnel. Mais vraiment, même s’il s’agit d’un cursus long et exigeant, il ne faut rien lâcher. Le cursus est ouvert à tout le monde, homme ou femme, à partir du moment où l’on a validé une spécialité technique de l’aéronautique navale, et il y a, à la clé, un très beau métier ! »
Second maître Steve, en fin de période de validation
Les pré-requis
Être déjà engagé dans la Marine nationale.
Être apte médicalement.
Être âgé de plus de 19 ans et de moins de 31 ans à la date d’ouverture du cours.
Être titulaire au minimum d’un brevet d’aptitude technique (BAT) d’une spécialité technique de l’aéronautique navale.
image d’ouverture © Benjamin Papin / Marine nationale / Défense