Auteure, réalisatrice, apnéiste, danseuse… Julie Gautier a plus d’une corde à son arc. Elle met aujourd’hui toutes ses compétences et son talent au service d’un court-métrage, intitulé Ama, qui sort officiellement le 8 mars pour la journée de la femme. Plongez s’est entretenue avec Julie Gautier avant la sortie de Ama, qui va être l’occasion de mobiliser des apnéistes du monde entier lors d’un grand événement.
Que s’est-il passé le 8 mars ?
Je souhaitais un belle mise au monde pour ce court-métrage qui me tient à cœur et je ne pouvais pas me résoudre à simplement le poster sur internet. J’ai donc contacté une communauté d’apnéistes autour du monde pour leur demander de projeter le film au public, sur grand écran, si possible en extérieur. J’ai eu plus de 40 réponses positives, ils se sont tous pliés en quatre pour donner vie à ce beau projet. Le 8 mars, nous avons organisé une chaîne de projection de 24 heures autour du monde, suivant les fuseaux horaires. La première a eu lieu en Nouvelle-Zélande, suivie entre autres par le Japon, les Philippines, la Chine, la Réunion, l’Europe, le Canada, la Colombie… pour finir à Tahiti.
D’où vous est venue l’idée de ce court-métrage?
J’avais ce projet en tête depuis 8 ans. J’étais alors modèle pour le photographe Grégory Colbert. Il me faisait danser en impro avec des animaux sous-marins. Grâce à cette expérience, je me suis rendue compte qu’en travaillant une chorégraphie sous l’eau on pouvait partager énormément d’émotions, belles et fortes. Étant à la fois danseuse et apnéiste, ces deux disciplines ont une grande importance dans ma vie, j’ai donc eu envie de mélanger ce rapport à l’eau avec le mouvement.
Que peut-on voir dans ce film ?
C’est un film de danse sous-marine mais on peut y voir ce que l’on veut. Le thème est profond, personnel et intime et j’y exprime une douleur qui m’appartient mais que je retransmets à travers les mouvements. Dans cette danse je partage mes émotions et libère beaucoup de choses, à la fois négatives et positives. Tout le monde peut se retrouver dans ces émotions et les interpréter de sa propre manière, se les approprier. Je pense qu’on peut y voir quelque chose de douloureux mais également quelque chose de joyeux.
Comment se sont déroulés la création et le tournage du film ?
J’ai passé deux ans à écrire et construire le projet dans ma tête. Ensuite j’ai commencé à réfléchir à la chorégraphie, à chercher les mouvement sous l’eau, à tester des impros. Avec ma professeur de danse, Ophélie Longuet à Nice, nous avons finalement créé la chorégraphie après un mois de travail en commun. Le tournage s’est déroulé en Italie dans la fosse de plongée Y-40, la plus profonde au monde. Comme je me retrouve cette fois-ci devant la caméra, j’ai confié l’image à Jacques Ballard, avec qui j’avais déjà travaillé pour tourner Narcose et le clip de Beyonce. Il sait parfaitement comment je fonctionne et il nous a fallu seulement un jour et demi de tournage pour faire le film.
Pourquoi avoir choisi cette date de la journée de la femme pour sortir Ama ?
J’ai voulu pour cette journée sortir quelque chose de fort : une belle image accompagnée d’une musique qui transmet beaucoup d’émotion. Ce n’est pas un film négatif, ce n’est pas un film sombre mais quelque chose qui peut toucher et émouvoir. C’est un film pour les femmes mais il n’a rien de militant. C’est simplement un cadeau aux femmes. Mais ça peut également être un cadeau aux hommes… finalement tout le monde peut se sentir touché par ce film.
Que signifie Ama, le titre du film ?
Ama est le nom des femmes pêcheuses au Japon qui plongent en apnée en profondeur pour récupérer des coquillages. C’est un métier extrêmement rude qui demande une grande force et surtout de la cohésion. Et cette même force et cette cohésion ont une grande importance pour moi. Il faut impérativement garder un dialogue entre nous, les femmes… Mettre en avant l’échange, l’entraide et le partage plutôt que de rester renfermées sur nous-même et focalisées sur nos problèmes.
Travaillez-vous déjà sur d’autres projets vidéos pour cette année ?
Avec mon compagnon, Guillaume Néry, nous travaillons sur le projet “One breath around the world”, un court-métrage onirique et un voyage d’apnée autour du monde. J’ai également un autre projet personnel pour cette année. Il s’agira d’une fable écologique, je m’engage de plus en plus dans la protection de l’environnement et pouvoir le mettre en image est un projet qui me tient à cœur.
Propos recueillis par Margot Harty