Biologie

Le saviez-vous ? 10 infos à connaître sur … La Manta des récifs Mobula alfredi – (Krefft, 1868)

Il y a 4 ans

Au loin, une ombre se profile dans le bleu. Les contours de la silhouette se dessinent lentement. Comme sorti d’un rêve, un animal fantastique fait son apparition dans notre champ de vision. Se laissant glisser délicatement dans notre direction, une raie manta vient à notre rencontre. Instant magique… Comme coupés du monde et du temps, les mouvements gracieux et aériens de cette raie extraordinaire nous hypnotisent et se gravent à tout jamais dans notre mémoire. Un rendez-vous merveilleux que seule dame Nature peut nous offrir !

Manta Mobula alfredi au-dessus d'une anémone et de ses poissons-clowns. © Dominique Barray

Manta Mobula alfredi au-dessus d’une anémone et de ses poissons-clowns. © Dominique Barray

1- Je suis confus : la raie manta des récifs (Mobula alfredi) serait apparemment l’espèce la plus « communément » rencontrée mais elle a souvent été confondue avec sa cousine géante la grande raie manta océanique (Mobula birostris). Outre la taille adulte qui est plus importante chez la seconde, la coloration est une des façons de les identifier rapidement en plongée. La face dorsale de la manta des récifs possède des transitions de couleurs plus douces et dégradées entre le noir et le blanc alors que la manta océanique offre une coloration beaucoup plus contrastée entre ces deux teintes. Bien entendu ce n’est pas le seul critère mais le temps d’observation est souvent compté…

2- Nouvelle venue : la mise en avant de l’espèce Mobula alfredi est très récente puisque ce sont des études génétiques réalisées en 2010 qui ont validé son existence taxonomique permettant ainsi de la différencier de Mobula birostris. Sa dénomination est un hommage au Prince Alfred 1er, fils de la reine Victoria.

3- Une grosse bestiole : La raie manta des récifs fait partie des espèces de poissons cartilagineux les plus impressionnantes. Cette proche parente des requins possède deux immenses nageoires pectorales qui peuvent lui donner une envergure allant jusqu’à plus de 5 mètres ! La queue en forme de fouet est plus longue que le corps et la bouche située en position terminale est entourée de deux nageoires dites céphaliques. Elle ne possède pas d’épine caudale et ne représente, de ce fait, aucun danger pour l’homme. Sa peau est recouverte de fines denticules dont la fonction première est d’offrir une meilleure fluidité dans les déplacements.

4- Qui a dit « petit » déjeuner ? : Contrairement à ce que pourrait laisser penser la taille de sa large gueule, la raie manta se nourrit principalement de plancton et de micro-organismes. Ses nageoires céphaliques se déroulent et forment un véritable entonnoir qui canalise la nourriture directement dans la bouche de l’animal. Il se peut, bien sûr, qu’au milieu de toute cette quantité de plancton ingérée se glissent quelques petits poissons qui viennent enrichir le menu.

5- Un rendez-vous régulier : Comme l’indique son nom, la meilleure façon de rencontrer la raie manta des récifs est de se positionner au-dessus des récifs autour desquels elle va chercher sa nourriture et aussi accéder à un site très important : la station de nettoyage. Les raies mantas viennent se poster près de ces zones pour bénéficier de l’aide des petits labres nettoyeurs qui vont les débarrasser des parasites et autres éléments qui se développent sur leur corps.

6- Partenaire particulier : Les rémoras accompagnent souvent les raies mantas. Ils profitent de leur taille imposante pour venir se mettre à l’abri d’un éventuel prédateur et ils n’hésitent pas à se nourrir des petits poissons qui passent parfois à proximité de ce grand vaisseau amiral. On peut ici parler de commensalisme entre les espèces puisqu’en théorie le rémora ne gêne pas la raie manta. Mais dans certains cas, nous sommes à la limite du parasitisme car le nombre de rémoras peut être trop important à transporter pour un seul animal et surtout les traces de la « semelle » du rémora peuvent occasionner des blessures à son hôte.

7- Sous les sunlights des tropiques : les raies mantas des récifs sont présentes tout autour de la zone tropicale dans l’océan Indien et l’océan Pacifique. Ce ne sont pas de grandes voyageuses et elles restent souvent inféodées à une zone ou un archipel bien spécifique. En revanche, les mouvements verticaux peuvent se faire de la surface jusqu’à 500 mètres de profondeur pour aller chercher la nourriture.

Manta Mobula alfredi de nuit. © Dominique Barray

Manta Mobula alfredi de nuit. © Dominique Barray

8- Une reproduction comptée : La raie manta des récifs est ovovivipare. Les œufs vont éclore dans le ventre de la mère au bout d’une durée de gestation de 12 à 13 mois. En général, un seul petit viendra au monde (très rarement 2) mais il aura une taille déjà respectable avec une envergure d’environ 1,50m. Ces animaux peuvent vivre une trentaine d’années mais les reproductions sont très espacées les unes des autres et ne débutent qu’avec la maturité sexuelle, atteinte au bout de 6 à 8 ans… Ce faible taux de reproduction contribue aujourd’hui à la fragilisation des populations.

9- La légende de fäfä tipi : D’anciennes légendes polynésiennes racontent que les mantas pouvaient emporter les embarcations des pêcheurs dans les profondeurs. D’autres évoquent le fait qu’elles pouvaient facilement recouvrir les chercheurs de perles en apnée de leur grand manteau (de l’espagnol manta) pour les empêcher de remonter les trésors des fonds marins. Bien évidemment, il n’en est rien. La raie manta symbolise souvent la liberté mêlée à la sagesse et à l’humilité : cette volonté de rester dans l’ombre malgré une taille et une place importantes.

10- À protéger : Aujourd’hui les raies mantas sont toutes classées comme espèce vulnérable sur la liste rouge des espèces menacées établie par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Du fait d’une très faible migration des populations, les mesures de protection sont souvent prises de façon locale, même si depuis 2013 la réglementation sur la vente de cette espèce s’est considérablement durcie. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir si l’on souhaite continuer à observer ces extraordinaires animaux !

Fabien Valladier

Manta Mobula alfredi. © Dominique Barray

Manta Mobula alfredi. © Dominique Barray

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