Le requin-taureau – Carcharias taurus – fait partie de ces espèces reconnaissables entre mille. Sa morphologie relativement trapue et son aspect menaçant permettent de l’identifier avec beaucoup de facilité. Présent dans de nombreuses mers et océans du globe, ce requin de la famille des Odontaspididae est un « paisible » nageur qui laisse toujours une empreinte particulière dans la mémoire de ceux qui ont eu l’opportunité de le rencontrer et de nager avec lui.
- Des dimensions qui forcent le respect : la majorité des requins-taureaux observés mesure entre 2,50 m et 3 m pour un poids d’environ 160 kg. Mais en Méditerranée, on a pu recenser un spécimen de 3,80 m de long. Cette taille, associée à cette courbure dorsale emblématique, renforce l’impression de puissance de l’animal.
- Un habitant du monde : la répartition géographique du requin-taureau est impressionnante. On le retrouve dans la quasi-totalité des mers et des océans de notre planète. Il est présent dans les zones tempérées des côtes de l’océan Atlantique, du Pacifique et de la Méditerranée mais aussi dans les zones plus tropicales de l’océan Indien, de la mer Rouge et des côtes australiennes.
- Délit de sale gueule : le requin-taureau possède, comme tous les requins, des rangées de dents qui se renouvellent toute sa vie. Chez Carcharias taurus, 3 rangées de dents sont constamment opérationnelles. Ces nombreuses dents pointues, toujours visibles de l’extérieur, l’empêchent de fermer sa bouche convenablement. Comme il nage toujours la gueule ouverte, cette dentition lui confère ce faciès reconnaissable que beaucoup souhaitent immortaliser.
- Une bouée pour flotter : une particularité du requin-marteau est qu’il ne possède pas de vessie natatoire pour se maintenir entre deux eaux mais qu’il est en revanche capable d’ingérer de l’air en surface pour se créer une petite bouée dans l’estomac qui l’aidera à se stabiliser. C’est à ce jour le seul requin connu à avoir ce type de comportement.
- Terrain de « jeu » : particulièrement nocturne, il aime se déplacer et chasser près du fond à la recherche de ses proies. Le requin-marteau peut donc fréquenter différents types de fonds, qu’ils soient rocheux, sableux ou coralliens, depuis la surface jusqu’à un peu plus de 200 mètres de profondeur.
- À table !!! Les grandes dents du requin-taureau indiquent clairement qu’il ne possède pas un régime de type vegan. Pointues et acérées, ce sont des armes redoutables pour capturer des poissons (osseux ou cartilagineux), des céphalopodes ou bien encore des crustacés. Le museau relativement court de ce requin lui permet de pouvoir traquer ses proies jusque dans leurs refuges.
- Requin-taureau, l’amour vache : l’accouplement n’est pas une partie de plaisir chez Carcharias taurus. Le mâle va d’abord éliminer toute compétition avec d’autres prétendants. Puis il va tourner autour de la femelle et va chercher à l’immobiliser en la mordant sur le flan pour ensuite s’accoupler avec l’un de ses deux organes reproducteurs (un de chaque côté pour optimiser les chances de reproduction en fonction du côté où il se positionne par rapport à la femelle).
- Reproduction, et si on faisait autrement ? Carcharias taurus est une espèce ovovivipare. Les œufs engendrés suite à l’accouplement ne sont pas expulsés dans la nature mais sont stockés dans l’utérus de la mère, où ils vont terminer leur développement. Selon les études scientifiques menées, il y aurait entre 15 et 25 œufs à chaque reproduction.
- Oophagie : au bout de la période d’incubation qui peut s’étaler de 9 à 12 mois, les premiers individus qui éclosent dans l’utérus vont se nourrir des autres membres de la fratrie. On assiste alors à un véritable cannibalisme intra-utérin qui conduit à la naissance de seulement un voire deux individus qui mesureront déjà près d’un mètre de long. Le taux de reproduction est donc très faible.
- Une espèce fragile : malheureusement, comme toutes les espèces de requins aujourd’hui, le requin-taureau n’échappe pas à la règle et fait partie des espèces menacées d’extinction. Sur la liste rouge de UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), il est classé dans la zone rouge portant la mention « en danger critique d’extinction ».
Où le rencontrer ? Pour être certain de pouvoir observer des requins-taureaux en plongée, il faut aller en Afrique du Sud (les spotted ragged-tooth shark ou « raggies sharks » sont visibles de juin à décembre sur Aliwal Shoal et Protea Banks, et pendant l’été austral de novembre et mars sur Sodwana Bay) ou en Caroline du Nord aux États-Unis (où on les appelle « sand tiger shark »).
Fabien Valladier
merci