“La nouvelle génération de plongeurs”. Telle est la thématique du prochain salon de la plongée, qui se déroulera du 10 au 13 janvier 2020 porte de Versailles à Paris. Et c’est Steven Surina, parfait représentant de cette nouvelle génération, qui sera le parrain de cette 22ème édition.
À cette occasion, nous publions l’interview de Steven, par Christine Manganaro, qui était parue dans le n°8 de Plongez !, avec en bonus la vidéo présentant Shark Education, la structure qu’il a créée pour former les plongeurs à côtoyer les requins et à devenir les ambassadeurs de leur cause.
Photo ci-dessus : Greg Lecœur
Fils de plongeurs-moniteurs, Steven Surina est né avec un détendeur dans la bouche. A l’école des fonds bleus, il a choisi l’option « requins », et n’a jamais imaginé sa vie ailleurs que sous l’eau aux côtés de ces géants des mers !
Tu es né en région parisienne, et pourtant une grande partie de ta jeune vie s’est déjà écrite ailleurs…
Mes parents se sont expatriés en Egypte en 2002. J’avais tout juste 14 ans et j’ai fini ma scolarité jusqu’au bac par correspondance avec le CNED. J’ai donc vécu mon adolescence dans le club Dune à Safaga qu’ont géré mes parents de 2002 à mi-2005, avant qu’ils ne créent leur propre structure, le club Alysés à Hurghada.
Donc on ne se demande plus d’où te vient cette passion pour la mer et la plongée…
À 3 ans, mes parents me mettaient un détendeur dans la bouche pour que je fasse des bulles dans mon bain ! (rires). Bien avant notre vie en Egypte, mon père était saisonnier en Corse. J’y ai fait mon baptême en 1994, alors que je n’avais pas encore l’âge autorisé ! Du haut de mes 6 ans, ça a été pour moi une vraie révélation. À 8 ans, j’explorais les fonds d’une piscine en région parisienne et à 9 ans ceux de la mer Rouge où mes parents étaient moniteurs saisonniers chaque été ! À partir du moment où l’on s’est installé là-bas, tous les week-ends, les jours fériés, les vacances, j’étais sur un bateau et surtout sous l’eau !
En faire ton métier a toujours été pour toi une évidence ?
À la base je voulais devenir architecte naval, mais en voyant le décalage de niveau entre les cours par correspondance et le dossier requis pour la formation, j’ai abandonné. Comme j’adorais dessiner, j’ai voulu bifurquer dans une école d’illustration en Belgique, mais ça n’a pas abouti non plus. J’avais 18 ans, un Divemaster et Niveau 4 en poche, alors finalement, devenir moniteur était la solution évidente pour plonger, observer, dessiner et partager ma passion. J’ai bossé 3 ans dans le club de mes parents pour me forger mon expérience aux côtés de grands moniteurs. J’ai passé mes diplômes d’instructeur PADI et FFESSM, et c’est après toutes ces étapes que je me suis lancé réellement dans la croisière en 2009. Mais très vite, j’ai orienté cette activité vers les requins !
Ses six dates-clés :
20 août 1988 : Naissance à Clamart (92).
1994 : Baptême de plongée en Corse à Porticcio.
2002 : Expatriation en Egypte, sur les bords de la mer Rouge.
2011 : Création de Shark Education.
2013 : Travail sur l’immobilité tonique aux Bahamas.
2016 : Premières plongées libres hors cage avec le grand requin blanc.
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Ah les requins ! On pourrait dire que c’est « toute ta vie »…
On peut le dire oui ! À 4 ans et demi, mon père m’a fait voir le reportage de Cousteau sur le grand blanc. J’étais à la fois terrorisé et fasciné ! Dès lors, j’ai dévoré tous les bouquins que je pouvais trouver, regardé tous les documentaires. Lors de mon premier voyage en Egypte en 1997, j’ai vu mon premier requin en snorkeling, c’était grandiose ! Dès que j’ai pu, j’ai fait des croisières dédiées aux requins… Mais au fur et à mesure qu’évoluaient mes connaissances empiriques, je m’apercevais que celles qu’avaient les plongeurs sur ces animaux, et en particulier les moniteurs, étaient souvent réduites ou erronées. Alors, j’ai voulu transmettre ce que je savais, motivé surtout par la volonté de rétablir une part de vérité.
Comment t’y es-tu pris ?
En 2011, j’ai créé « Shark Education » dont le principal objectif est de former les plongeurs pour aller à la rencontre de différentes espèces de requins et optimiser leurs chances d’interaction avec elles. Je souhaite que le plongeur devienne un réel acteur de cet échange. Son attitude va automatiquement influer sur le comportement du requin qui, grâce à ses dons supra-sensoriels, perçoit les ondes et les émotions beaucoup mieux que n’importe quel autre animal marin. En réalisant qu’il est possible d’interagir avec les requins, les participants s’en font une autre image et deviennent ainsi des ambassadeurs suffisamment informés pour plaider leur cause.
Peut-on dire que les requins ne sont pas dangereux pour l’homme si on sait les aborder ?
Le requin reste malgré tout un prédateur imprévisible qui vit dans un milieu qui n’est pas le nôtre. On plonge avec les lions et les tigres des océans en quelque sorte. Mais tout le tapage qu’on en fait, les peurs ancestrales sur lesquelles on a bâti l’image des Dents de la Mer, ce n’est pas du tout justifié ! On ne peut pas parler de risque zéro mais on peut le minimiser en respectant un certain nombre de règles de comportement et en se préparant psychologiquement à cette rencontre. La mauvaise réaction d’un plongeur peut entraîner la réaction de défense ou d’attaque d’un requin, et là ça peut devenir un problème. J’aime croire que les personnes qui partent à la rencontre des requins s’immergent avec le plus grand sentiment d’humilité, ce qui diminue déjà considérablement les risques !
As-tu déjà eu à intervenir dans une situation périlleuse pour sauver un plongeur que tu encadrais ?
La plupart du temps, quand on évoque « l’attaque » d’un requin sur un plongeur, il s’agit plutôt d’une charge émotionnelle liée au comportement d’un requin qui arrive très près et très vite. Un plongeur qui n’est pas en capacité d’analyser la situation considérera ça comme une agression alors qu’en fait, les animaux cherchent davantage à nous intimider et à faire passer un message… Le plus gros risque dans tout ça c’est la mauvaise gestion du stress du plongeur qui peut s’essouffler, paniquer, se mettre en danger vis-à-vis de lui-même. Et donc pour répondre concrètement à ta question, je n’ai jamais eu à mettre ma vie en danger avec un requin ou à cause d’un plongeur.
Peux-tu citer l’un de tes plus beaux souvenirs lors d’une plongée avec les requins ?
Tous mes souvenirs sont extraordinaires parce qu’ils sont chacun unique et différent. Mais j’ai vécu quelques moments de grâce comme cette connexion intense avec une gigantesque femelle grand blanc de plus de 5 mètres lorsque j’ai fait une plongée hors cage au Mexique. Ou bien encore ce ballet de requins marteaux au Soudan : se retrouver pendant trois quarts d’heure au milieu de 200 individus qui s’inclinent sur le côté, qui t’observent et qui t’invitent dans une danse paisible et décontractée… c’est aussi improbable que féérique.
La plongée requin est-elle accessible à tous ?
La plongée avec les requins requiert une parfaite gestion de ses émotions. C’est pourquoi les plongeurs doivent avoir une expérience suffisante (+ de 50 plongées) afin de pouvoir se projeter en immersion, quelle que soit la situation (en pleine eau, sur un fond, avec du courant etc.). La plupart des espèces de requins vivant en mer tropicale se trouvent généralement entre 10 et 40 mètres de profondeur. Il est donc préférable d’avoir un niveau d’autonomie minimum (N2 et ou Advanced) pour pouvoir les observer sereinement.
Christine Manganaro
Ce qu’il faut aussi savoir sur Steven…
– Il totalise plus de 3 500 plongées aux 4 coins du globe, côtoyant et observant 29 espèces de requins dans 11 pays depuis plus de 14 ans.
– Il fait partie des rares plongeurs francophones à pratiquer l’immobilité tonique sur les requins qu’il a développée aux côtés de Cristina Zenato aux Bahamas (technique consistant à faire rentrer le requin en catalepsie, une sorte de transe pendant laquelle l’animal conserve toute sa tonicité mais ne réagit plus aux stimuli externes).
– Il met son expérience empirique au service de programmes d’études scientifiques, notamment aux côtés du Dr Bernard Séret, requinologue et biologiste marin au Muséum national d’histoire naturelle et à l’IRD (Institut de recherche pour le développement).
– Après la publication de son livre en 2015 Comprendre et plonger avec les requins (éd. Turtle Prod), Steven a sorti en 2018, pour les 20 ans du salon de la Plongée, un second ouvrage de plus de 400 pages : Requins, guide de l’interaction. Il est consacré à l’interaction entre l’homme et les requins, véritable recueil des connaissances empiriques du plongeur doublées de l’expertise scientifique de Bernard Séret et illustré des images de Greg Lecœur.
- – En janvier 2019, il présente au salon de la plongée le pilote de Legacy, nouvelle série documentaire produite par Patrick Metzlé et dans laquelle il est acteur-animateur.
Bonjour Steven Je vois que tu as pris les gènes et passions de ton papa (la plongée) …. C’est super, je t’ai connu tu étais un enfant à Palaiseau j’étais un ami de tes parents Alain et Sylvie,j’ai connu ton frère et ta sœur aussi, je pense souvent à nos vacances en Corse…. Je suis jean Yves, je travaillais avec ton papa, c’est lui qui m’a fait connaître et pratiquer la plongée… Je ne sais pas ce que vous êtes devenu C’est en cherchant sur internet ton papa que j’ai trouvé un article sur toi félicitations… J’avais aussi vu une… Lire la suite »