La 57ème édition du Wildlife photographer of the year vient de récompenser de son grand prix, pour la première fois, un français. Laurent Ballesta a été sacré photographe nature de l’année avec sa photo intitulée “Création”.
Le Wildlife photographer of the year est une compétition photographique organisée par le Natural History Museum de Londres chaque année. Au travers de 19 catégories, il célèbre la beauté captivante de la nature ! Cette année, 50 000 images provenant de 50 pays différents ont été proposées au jury qui a finalement retenu celle du biologiste et photographe sous-marin Laurent Ballesta.
À partir de lundi 18 octobre, les envois d’images pour la 58ème édition du concours seront ouverts. Si vous souhaitez participer, vous avez jusqu’au 9 décembre pour déposer vos photos. Jusqu’à 25 images par photographe (£30 de frais d’inscription, £35 pour les images déposées la dernière semaine), et 10 images pour les – 17 ans (gratuit).
Retrouvez toutes les informations et la totalité des gagnants de cette année sur le site du concours.
Découvrez notre sélection d’images, quelles soient magnifiques ou impactantes, parmi celles récompensées cette année :
Photographe de nature de l’année – prix “sous-marin” – Laurent Ballesta (France)
Laurent Ballesta scrute les profondeurs alors qu’un trio de mérous camouflés sort de leur nuage laiteux d’œufs et de sperme. Pendant cinq ans, Laurent et son équipe sont revenus dans ce lagon, plongeant jour et nuit pour assister à la ponte annuelle des mérous. Ils ont été rejoints après la tombée de la nuit par des requins de récif chassant le poisson. Cet événement a lieu autour de la pleine lune en juillet, lorsque jusque 20 000 mérous se rassemblent à Fakarava dans l’étroit canal sud reliant le lagon à l’océan. La surpêche menace cette espèce, mais ici les poissons sont protégés au sein d’une réserve de biosphère.
Jeune photographe de nature de l’année – Prix “moins de 10 ans” – Vidyun R Hebbar (Inde)
Vidyun R Hebbar observe une toile d’araignée alors qu’un tuk-tuk passe derrière. En explorant son parc à thème local, Vidyun a trouvé une toile d’araignée occupée. Un tuk-tuk (pousse-pousse motorisé) qui passait en arrière plan a fourni une toile de fond aux couleurs de l’arc-en-ciel pour mettre en valeur la création en soie de l’araignée. Ces épeires sont minuscules – celle-ci avait des pattes mesurant moins de 15 millimètres. Elles tissent des dômes à mailles carrées, non collants, entourés de toiles enchevêtrées qui rend difficile la fuite des proies. Au lieu de tisser de nouvelles toiles chaque jour, ces araignées réparent celles qui existent déjà.
Prix “animaux dans leur environnement” – Zack Clothier (États-Unis)
Zack Clothier a découvert qu’un grizzly s’est intéressé à son appareil photo dissimulé. Il avait décidé que ces restes d’élans mâles étaient un endroit idéal pour poser son appareil. Le retour sur place a été difficile. Zack a retrouvé son installation saccagée. Cette photo fut la dernière image capturée par l’objectif. Les grizzlis, une sous-espèce d’ours bruns, passent jusqu’à sept mois dans une forme légère d’hibernation. Émergeant au printemps, ils ont faim et consomment une grande variété de nourriture, y compris des mammifères.
Prix “portrait d’animal” – Majed Ali (Koweït)
Majed Ali capte le moment où un gorille des montagnes ferme les yeux sous la pluie. Majed a marché pendant quatre heures pour rencontrer Kibande, un gorille de montagne de presque 40 ans. « Plus nous montions, plus il faisait chaud et humide », se souvient-il. Alors qu’une pluie rafraîchissante commençait à tomber, Kibande est resté à l’air libre, semblant apprécier la douche. Les gorilles de montagne sont une sous-espèce du gorille de l’Est et vivent à des altitudes supérieures à 1 400 mètres dans deux lieux isolés : les volcans Virunga et à Bwindi. Ces gorilles sont en voie de disparition en raison des maladies, du braconnage et de la perturbation de l’habitat causée par l’activité humaine.
Prix “comportement : invertébrés” – Gil Wizen (Israël/Canada)
Gil Wizen a découvert une araignée dolomède (fishing spider) étirant la soie de ses filières pour tisser son sac à œufs. Gil a découvert cette araignée sous l’écorce d’un arbre. Toute perturbation aurait pu la faire abandonner, il a donc pris de grandes précautions. « L’action des filières m’a rappelé le mouvement des doigts humains lors du tissage », explique Gil. Ces araignées sont communes dans les zones humides et les forêts tempérées de l’est de l’Amérique du Nord. Plus de 750 œufs ont été enregistrés dans un seul sac. Ces araignées portent le sac avec elles jusqu’à ce que les œufs éclosent et que les petits se dispersent.
Prix “comportement : oiseaux” – Shane Kalyn (Canada)
Shane Kalyn assiste à une parade nuptiale de corbeau, en plein hiver : le début de la saison de reproduction des corbeaux. Shane s’est allongé sur le sol gelé en utilisant la lumière tamisée pour capturer le détail du plumage irisé des corbeaux contrasté avec la neige pour révéler ce moment intime où leurs épais becs noirs se sont réunis. Les corbeaux s’accouplent avec un partenaire probablement pour la vie. Ce couple s’est échangé des cadeaux – mousse, brindilles et petites pierres – et s’est lissé les plumes avant d’entamer une sérénade avec des sons de gazouillis doux pour renforcer leur relation ou leur “lien de couple”.
Prix “comportement : mammifères” – Stefano Unterthiner (Italie)
Stefano Unterthiner observe deux rennes de l’archipel du Svalbard (Norvège) se battre pour le contrôle d’un harem. Stefano a suivi ces rennes pendant la saison du rut. En regardant le combat, il s’est senti plongé dans «l’odeur, le bruit, la fatigue et la douleur». Les bois se sont heurtés jusqu’à ce que le mâle dominant (à gauche) chasse son rival, s’assurant ainsi la possibilité de se reproduire. Les rennes sont répandus dans l’Arctique, mais cette sous-espèce n’est présente qu’au Svalbard. Les populations sont affectées par le changement climatique, où l’augmentation des précipitations peut geler sur le sol, empêchant l’accès aux plantes qui habituellement restent accessibles sous une neige molle.
Prix “comportement : reptiles et amphibiens” – João Rodrigues (Portugal)
João Rodrigues est surpris par cette paire de salamandres (pleurodèle de Waltl) en train de se faire la cour dans la forêt inondée. C’était la première fois que João avait la chance de plonger dans ce lac depuis cinq ans car il ne se forme que pendant les hivers aux précipitations exceptionnellement abondantes, lorsque les rivières souterraines débordent. Il n’a eu qu’une fraction de seconde pour ajuster les réglages de son appareil avant que les salamandres ne s’éloignent. Présentes dans la péninsule ibérique et au nord du Maroc, elles sont connues pour utiliser leurs côtes pointues comme des armes, transperçant leur propre peau et ramassant des sécrétions toxiques, puis les enfonçant dans un attaquant.
Prix “art naturel” – Alex Mustard (Royaume-Uni)
Alex Mustard découvre un syngnathe fantôme arlequin caché dans les bras d’une crinoïde. Alex avait toujours voulu capturer cette image d’un juvénile, mais ne trouvait généralement que des adultes, plus foncés, sur ces crinoïdes. Son image exprime la confusion à laquelle un prédateur serait confronté lorsqu’il rencontrerait ce kaléidoscope de couleurs et de motifs. Les couleurs vives du juvénile signifient qu’il est né sur le récif de corail au cours des dernières 24 heures. Dans un jour ou deux, ses couleurs changeront, lui permettant de se fondre dans la crinoïde.
Prix “océan : une vue d’ensemble” – Jennifer Hayes (États-Unis)
Jennifer Hayes photographie des phoques du Groenland, leurs bébés et le sang issue de leur naissance sur la glace marine en train de fondre. À la suite d’une tempête, il a fallu des heures de recherche en hélicoptère pour trouver cette banquise fracturée utilisée comme plate-forme de mise bas par les phoques du Groenland. Chaque automne, ils migrent vers le sud de l’Arctique vers leurs aires de reproduction, retardant les naissances jusqu’à la formation de la banquise. Les phoques dépendent de la glace, ce qui signifie que la population future sera probablement affectée par le changement climatique.
Prix “plantes et champignons” – Justin Gilligan (Australie)
Justin Gilligan met en lumière le reflet de cette plongeuse au milieu des algues. Sur le récif le plus au sud du monde, Justin a voulu montrer comment une gestion humaine prudente aide à préserver cette jungle d’algues vibrante. Avec seulement une fenêtre de 40 minutes où les conditions de marée étaient bonnes, il a fallu trois jours d’essais et d’erreurs avant que Justin n’obtienne son image. Les impacts du changement climatique, tels que l’augmentation de la température de l’eau, affectent les récifs à un rythme toujours croissant. Les forêts d’algues abritent des centaines d’espèces, captent le carbone, produisent de l’oxygène et aident à protéger les rivages.
Prix “photojournaliste” – Adam Oswell (Australie)
Adam Oswell attire l’attention sur les visiteurs du zoo qui regardent un jeune éléphant jouer sous l’eau. Bien que cette performance ait été promue comme éducative et comme exercice pour les éléphants, Adam a été dérangé par cette scène. Les organisations soucieuses du bien-être des éléphants en captivité considèrent ces démonstrations comme de l’exploitation car elles encouragent un comportement contre-nature. Le tourisme des éléphants a augmenté dans toute l’Asie ces dernières années. En Thaïlande, il y a maintenant plus d’éléphants en captivité que dans la nature. La pandémie de Covid-19 a provoqué l’effondrement du tourisme international, ce qui a conduit les sanctuaires d’éléphants à être submergés d’animaux qui ne peuvent plus être soignés par leurs propriétaires.
Prix “porfolio photojournaliste” – Brent Stirton (Afrique du Sud)
Brent Stirton dresse le portrait d’un centre de réhabilitation s’occupant de chimpanzés rendus orphelins par le commerce de la viande de brousse. La directrice du centre est assise avec un chimpanzé nouvellement sauvé alors qu’elle le présente lentement aux autres. Les jeunes chimpanzés reçoivent des soins individuels pour soulager leur traumatisme psychologique et physique. Ces animaux ont de la chance. Moins d’un sur dix est secouru après avoir vu les adultes de son groupe tués pour la viande. La plupart ont connu la famine et la souffrance.
Son portfolio :
De nombreuses personnes dans le monde dépendent de la viande d’animaux sauvages pour leurs protéines, ainsi que comme source de revenus. La chasse aux espèces menacées telles que les chimpanzés est illégale mais a lieu trop fréquemment. Les photographies de Brent documentent le travail du Lwiro Primate Rehabilitation Center, qui sauve et réhabilite des primates rendus orphelins par le braconnage. De nombreux membres du personnel ici sont des survivants du conflit militaire en République démocratique du Congo. Travailler au centre aide à leur propre rétablissement.
Prix “portfolio, étoile montante de la photographie” – Martin Gregus (Canada/Slovaquie)
Martin Gregus montre les ours polaires sous un autre jour lorsqu’ils débarquent en été. Par une chaude journée estivale, deux ourses polaires se sont rendues dans les eaux peu profondes pour se rafraîchir et jouer. Martin a utilisé un drone pour capturer ce moment. Ils forment un cœur, symbolisant pour le photographe l’apparente affection fraternelle entre eux et «l’amour que nous devons au monde naturel ».
Son portfolio :
Martin a passé trois semaines sur son bateau à utiliser diverses techniques pour photographier des ours polaires autour de la baie d’Hudson. Les ours sont pour la plupart solitaires et, tout en vivant sur la banquise, peuvent être dispersés sur de vastes zones. En se rapprochant des côtes en été, ils vivent principalement de leurs réserves de graisse et, avec moins de pression pour trouver de la nourriture, deviennent beaucoup plus sociables. Sans vouloir nuire à leur sort face au changement climatique, Martin a voulu montrer les ours polaires sous un autre jour.
Prix “portfolio” – Angel Fitor (Espagne)
Angel Fitor offre un regard intime sur la vie des cichlidés du lac Tanganyika. Deux cichlidés mâles se battent mâchoire contre mâchoire sur une coquille d’escargot. À l’intérieur de la coquille à moitié enterrée se trouve une femelle prête à pondre. Pendant trois semaines, Angel a surveillé le lit du lac à la recherche de telles disputes. Les morsures et les poussées durent jusqu’à ce que le poisson le plus faible cède. Cette lutte s’est terminée en quelques secondes mais a duré juste assez longtemps pour qu’Angel obtienne son coup gagnant.
Son portfolio :
Le lac Tanganyika, le plus ancien des Grands Lacs d’Afrique de l’Est, abrite plus de 240 espèces de cichlidés. Chacun a une forme , une taille et un comportement uniques. Malgré une vie grouillante, cet incroyable écosystème est menacé. Angel a travaillé sur les cichlidés pendant deux décennies, bravant des conditions de plongée difficiles pour photographier leur comportement. Récemment, les ruissellements chimiques provenant de l’agriculture, les eaux usées et la surexploitation par le commerce non réglementé des poissons d’aquarium ont conduit certaines populations de cichlidés vers l’extinction.