Documentaire : Épaves, des oasis pour la nature

Qu’elles soient minuscules ou gigantesques, qu’il s’agisse d’immenses navires, d’une simple bouée ou d’une statue immergée, toutes les structures artificielles attirent la vie et créent des îlots de biodiversité ! Pascal Lorent et Dominique Hennequin nous entraînent à leur découverte : de l’apparition des premières bactéries marines aux jardins luxuriants des épaves de mer Rouge, ils nous racontent l’histoire fascinante de cette colonisation naturelle. Leur film sera diffusé le 4 juillet à 18h25 sur Arte et en accès libre sur la plateforme arte.tv pendant tout l’été.

Du musée subaquatique de Marseille…

À leur immersion, les sculptures sont vierges de toute vie. Mais très vite, des microorganismes, à peine perceptibles à l’œil nu, s’y fixent et constituent un substrat fertile. Cette couche initiale sert de base à l’installation progressive d’animaux et de végétaux, transformant chaque œuvre d’art en véritable hôte propice à la vie marine.

… aux épaves mythiques

La biodiversité explose ensuite, comme sur les épaves emblématiques du Grec ou du Donator, au large de l’île de Porquerolles, lieux de prédilection des plongeurs aguerris. Dominique Barray, photographe sous-marin, a consacré 45 ans de plongée au Donator. Il a immortalisé la transformation du navire, notant notamment la prolifération spectaculaire des gorgones, dont certaines atteignent près d’un mètre de diamètre après 70 ans de colonisation. Selon lui, la densité et la variété des poissons ont atteint des niveaux jamais vus, offrant à chaque plongée un spectacle unique.

De véritables nurseries marines

Au-delà de leur rôle de récifs, les épaves servent aussi d’abri à la reproduction de nombreuses espèces. Près du site du Ramon, l’épave du Togo, découpée en deux par une mine en 1918 et reposant entre 60 et 68 mètres de fond, abrite un fascinant ballet reproducteur : au printemps, la dorade grise femelle pond ses œufs dans un nid rudimentaire construit par le mâle, qui arbore alors une teinte bleu métallique éclatante. Il veille et aère le nid pendant près de deux semaines.

Quand une simple bouée devient un havre de vie

En milieu marin désertique, le moindre objet flottant peut attirer la vie. Pas besoin d’un navire échoué pour observer cette dynamique : une bouée solitaire sert de refuge à bien des poissons, séduits par la sécurité que suggère ce simple abri. D’abord, les algues colonisent la structure, tirant profit de la lumière, de l’eau tiède en surface et des nutriments apportés par les courants. Plus en profondeur, sur la chaîne qui l’ancre, on observe parfois le passage majestueux d’un poisson-lune.

Un foisonnement de biodiversité

Sur l’épave du Thistlegorm en mer Rouge, poissons, reptiles et mammifères marins participent à la richesse de l’écosystème. Les balistes croquent les huîtres sur la coque, tandis que les anémones offrent refuge aux poissons-clowns. Partout, la vie s’organise : entre le port de Sète et l’étang de Thau, les coques de petits bateaux naufragés abritent la plus importante colonie d’hippocampes d’Europe. Plus haut dans la chaîne alimentaire, des prédateurs majeurs comme les requins tigres des sables patrouillent autour des épaves de la région de Morehead, en Caroline du Nord, lors de leur migration vers le nord.

Un film de 52 minutes écrit par Dominique Hennequin, réalisé par Pascal Lorent et Dominique Hennequin.

Images sous-marines : Pascal Lorent, Nicolas Barraqué, Pascal Courtin, Jérôme Espla, Jean Charles Granjon, Samuel Guitton, Stéphane Jamme, Didier Noirot, Simone Piccoli, Guillaume Voiturier.

Coproduction Nomades et Arte, avec la participation du CNC et de la Région Grand Est.