Plongeur de bord – Le socle de toutes les formations
Allier plongĂ©e et carriĂšre militaire suppose impĂ©rativement de passer par le stage plongeur de bord. Pour certains, il est un but en soi, pour dâautres une Ă©tape dans leur formation : tous ont six semaines pour faire leurs preuves et obtenir la prĂ©cieuse certification.
Ils sont aujourdâhui plus dâun millier, personnel embarquĂ©, certifiĂ©s plongeurs de bord. Il ne sâagit, en effet, pas dâun mĂ©tier Ă part entiĂšre mais dâune certification, compĂ©tence supplĂ©mentaire accessible Ă tous les mĂ©tiers de la Marine. En dâautres termes, un plongeur de bord peut ĂȘtre Ă©galement cuisinier, mĂ©canicien, mĂ©decin… et avoir tous les grades. Son rĂŽle consiste Ă intervenir sous lâeau si le besoin sâen fait sentir, pour inspecter une coque, une hĂ©lice, colmater une voie dâeau⊠Et les Ă©lĂšves nâont que six semaines pour acquĂ©rir Ă la fois les techniques de plongĂ©e et les gestes qui leur permettront dâassurer la sĂ©curitĂ© de leur bĂątiment ! Un vĂ©ritable dĂ©fi qui ne laisse aucune place Ă lâapproximation, suppose un planning serrĂ© sous pression constante, rythmĂ© par des Ă©valuations hebdomadaires. « Quand ils sortent de la formation, admet le premier maĂźtre Sandy, instructeur, ils ont encore beaucoup Ă apprendre sur le terrain, mais ils plongent en sĂ©curitĂ©, la leur ainsi que celle de leur binĂŽme ».
Acquérir les bases de la plongée en deux semaines
Les deux premiĂšres semaines sont sans doute les plus dĂ©cisives. Il sâagit, pour des Ă©lĂšves qui en majoritĂ© nâont jamais plongĂ© – et lâexpĂ©rience en la matiĂšre nâest dâailleurs pas forcĂ©ment un gage de rĂ©ussite, car certains ont acquis de mauvais rĂ©flexes – de maĂźtriser les techniques de base et notamment la gestion de sa vitesse de remontĂ©e.
« Nous misons aujourdâhui, au sein du stage plongeur de bord, explique le commandant de lâĂ©cole, sur un apprentissage technique plus poussĂ©. Jâai notamment dĂ©veloppĂ© ainsi un simulateur de remontĂ©e, qui associe un casque de rĂ©alitĂ© virtuelle, un gilet connectĂ© et un appareil respiratoire, pour leur apprendre Ă mieux gĂ©rer gilet et vitesse. Nous faisons Ă©galement des sĂ©ances de prĂ©paration mentale, en utilisant des techniques dâoptimisation du potentiel (TOP) pour gĂ©rer le stress des Ă©lĂšves face Ă lâimportance, pour eux, des enjeux. Je ne sacrifierai jamais le niveau de sortie, insiste-t-il, mais je tiens Ă faire le maximum pour quâils rĂ©ussissent tous ». La pĂ©dagogie a Ă©voluĂ©. « Nous essayons de rĂ©ajuster en permanence nos enseignements aux Ă©lĂšves, de les accompagner de maniĂšre plus individualisĂ©e quâautrefois », confirme le premier maĂźtre Sandy.
« Certains, continue lâinstructeur, comprennent immĂ©diatement, dâautres ont besoin de quelques jours de plus pour avoir le dĂ©clic. » Au terme de cette quinzaine dĂ©cisive, « vĂ©ritable levier pour leur apprentissage », certains doivent donc dĂ©jĂ malheureusement renoncer, au moins temporairement. Les autres enchaĂźnent ensuite avec les remontĂ©es assistĂ©es, Ă 18 puis 30 mĂštres, pendant toute la semaine suivante.
MaĂźtriser des outils de travail
La suite est majoritairement consacrĂ©e Ă la maĂźtrise des outils qui vont leur permettre dâintervenir jusquâĂ 35 mĂštres Ă lâair. Dans le plan dâeau de lâĂ©cole de plongĂ©e de Saint-Mandrier, ils apprennent les techniques de relevage, sâentraĂźnent Ă effectuer des visites de coque, de jour comme de nuit, Ă mener des recherches circulaires, Ă fixer des plaques sur une coque⊠Ils apprennent Ă©galement, en fin de parcours, Ă utiliser la brassiĂšre des plongeurs-dĂ©mineurs. « En gĂ©nĂ©ral, compte tenu de lâintensitĂ© et de la courte durĂ©e de la formation, admet leur instructeur, ceux qui prennent le moindre retard nâarrivent pas Ă le rattraper. » Idem pour ceux qui sont victimes dâune blessure en cours de route, comme cette jeune postulante qui, lorsque nous rĂ©alisions ces entretiens, souffrait dâun barotraumatisme de lâoreille. Pour elle, lâaventure sâarrĂȘte lĂ . « Mais chacun a la possibilitĂ©, nuance le premier maĂźtre Sandy, de retenter. Ceux que nous excluons, au-delĂ des blessures, câest pour leur bien, pour leur propre sĂ©curitĂ©. Il ne faut pas pour autant avoir peur de venir. Et il faut le faire avec curiositĂ© ».
« Jâai 23 ans, jâai fait lâĂcole navale et je suis actuellement embarquĂ©. Mon projet est de devenir nageur de combat. Jâessaie dâavoir une vision de carriĂšre sur les 10 prochaines annĂ©es. Le stage plongeur de bord est donc pour moi une premiĂšre Ă©tape. MĂȘme si dans le civil jâai passĂ© mon niveau 1, il faut vraiment se mettre dans lâidĂ©e quâici on rĂ©apprend tout. Mais la progression est trĂšs encadrĂ©e, nous avons un briefing la veille de chaque exercice, un autre le matin mĂȘme, si bien que nous arrivons dans lâeau en sachant exactement ce que nous avons Ă faire. Nous apprenons Ă©galement Ă travailler en binĂŽme : chacun doit veiller Ă la sĂ©curitĂ© de lâautre, lâaider dans les domaines oĂč il est le moins Ă lâaise et rĂ©ciproquement. Ce qui me motive aujourdâhui, câest dâaller vers lâinconnu en me dĂ©passant, travailler avec des gens qui ont une grande rigueur et une grande humilitĂ©, et intĂ©grer ces valeurs. Il faut aussi arriver physiquement prĂȘt. On court beaucoup, tous les jours, sans compter de nombreuses et longues sessions de palmage. Et toujours garder Ă lâesprit, ce que je ressens dĂ©jĂ au bout de quelques jours seulement, quâon ne cherche pas Ă nous Ă©liminer mais bien Ă nous accompagner. »
Enseigne de vaisseau de 1e cl. Jean, en premiĂšre semaine du cours Plongeur de bord
Embarqué, un second métier
Le maĂźtre Romain, spĂ©cialiste des systĂšmes dâinformation et de communication (SIC), est plongeur de bord depuis sept ans. « Au cours de la formation, se souvient-il, on sait que lâon peut ĂȘtre recalĂ© Ă nâimporte quel moment, mais câest un stress positif qui amĂšne Ă se dĂ©passer. Ă la sortie, nous sommes prĂȘts Ă remplir les missions qui vont nous ĂȘtre confiĂ©es. » ConcrĂštement, il sâagit avant tout de vĂ©rifier lâintĂ©gritĂ© de la coque du bĂątiment environ une fois par mois.
Mais ils peuvent aussi ĂȘtre amenĂ©s Ă poser des plaques obturatrices, Ă prendre des relevĂ©s sur les lignes dâarbre des hĂ©lices pour que les mĂ©caniciens puissent en rĂ©gler les pales, ou Ă intervenir sur une rĂ©cupĂ©ration dâhomme Ă la mer. « La majoritĂ© des plongĂ©es se font Ă quai, prĂ©cise-t-il, mais une partie en pleine mer, dans le bleu, une dimension Ă laquelle il faut aussi sâhabituer ». Toutes sâeffectuent Ă deux, aprĂšs un briefing trĂšs prĂ©cis du profil de plongĂ©e et de la tĂąche Ă effectuer. « SystĂ©matiquement, accentue le maĂźtre Romain, on briefe, on fait, on dĂ©briefe. Et, au dĂ©but de chaque plongĂ©e, nous effectuons Ă©galement des exercices de sĂ©curitĂ© avec notre binĂŽme. » LâĂ©quipe est complĂ©tĂ©e en surface par un directeur de plongĂ©e (DP) ou un surveillant de sĂ©curitĂ© plongĂ©e (SSP), qualification accessible au terme dâun stage Ă lâEcole de plongĂ©e. Eux ne sont pas plongeurs, mais formĂ©s Ă surveiller et vĂ©rifier la cohĂ©rence du profil de lâintervention. En moyenne, un plongeur de bord se met Ă lâeau une fois par semaine, ce qui fait de la plongĂ©e un second mĂ©tier.
les pré-requis
Ătre dĂ©jĂ engagĂ© dans la Marine nationale .
Ătre apte mĂ©dicalement.
Ătre ĂągĂ© de plus de 18 ans et de moins de 33 ans Ă la date dâouverture du cours.
image d’ouverture © Lisa Bessodes / Marine nationale / DĂ©fense